En 2024, Skadi a collaboré avec la compagnie Kaléidoscope basée à Echirolles afin de réaliser une mosaïque de portraits de personnes âgées. Ces dernières vivent sur le territoire isérois et nous raconte leurs vies. Aujourd'hui, direction Haute Jarrie, au sud de Grenoble, chez Pierre Coing Boyat. Il nous raconte sa passion pour l'histoire du château de Bon repos et son métier d'accordeur de piano.
Pierrot a 91 ans lorsque je lui tends mon micro, sur les hauteurs de Jarrie en novembre 2023. A 91 ans, ce grenoblois "pur souche" me raconte un parcours de vie marqué par une profonde attache à sa ville, à la musique, et à l'histoire locale. Son témoignage est une belle illustration de l'évolution d'un homme et de sa communauté à travers les décennies.
1. Un podcast mémoire sur Haute Jarrie
"Haute Jarrie est toujours décrit comme le poumon vert de Grenoble, finalement. En 1963, par exemple, il y avait quoi ? Trois ou quatre maisons neuves. Tout était des fermes encore. Et on a vu le pays se développer petit à petit, comme ça."
Son regard est celui d’un témoin direct du changement de son environnement. Il évoque la transition d’une ville plus rurale à une ville en pleine urbanisation, ce qui est d’autant plus marquant pour lui, puisqu’il a participé activement à cette évolution, notamment en s’installant à Haute-Jarrie en 1963, avec son épouse.
2. L’engagement local et l’importance du lien social
Pierre évoque avec fierté son engagement auprès de la communauté de Haute-Jarrie, où ils sont chaleureusement accueillis, avec sa femme. Il raconte comment, en tant que nouveaux arrivants dans le quartier, ils ont rapidement été impliqués dans la vie locale :
"Tous les gens de Jarrie nous ont accueillis tout de suite. J'aime beaucoup le dire, il y a eu un accueil formidable de toute la population."
Cet accueil a permis à Pierre de participer activement à la vie locale. Il a ainsi été élu conseiller municipal après avoir récolté plus de voix que le maire, un fait qu'il raconte avec une pointe d'humour. Même s’il n’a pas pu assumer le rôle de maire en raison de ses engagements professionnels - il était accordeur de piano - il a toujours gardé un fort sens de l’engagement civique.
3. Une carrière d’accordeur de piano, entre tradition et technique
L’un des aspects les plus marquants de son parcours est sans doute sa carrière d’accordeur de piano. Un métier transmis par son grand-père, lui-même accordeur, mais qu’il a appris de façon autodidacte :
"Je n'ai pas choisi [ce métier]. Mon grand-père était accordeur de piano. Comme je ne savais pas trop quoi faire dans l'existence, j'ai commencé à accorder les pianos."
Bien que sa formation ait été plus informelle, il a su s’imposer dans ce métier, qu’il a pratiqué toute sa vie, réglant des pianos un peu partout dans la région. Pour lui, accorder un piano n'est pas seulement une question de technique, mais aussi une véritable forme d'art :
"C'est de la musique, finalement. C'est très technique. Il faut qu'on règle les cordes du piano pour leur donner le son voulu."
Il est fier que son fils ait pris la relève et qu’il ait reçu une formation plus complète dans le domaine, soulignant ainsi l’importance de transmettre des savoir-faire de génération en génération.
4. L’attachement à la musique classique et à l’art en général
Pierrot se révèle passionné par la musique, particulièrement de musique classique. Sa prédilection pour Bach est évidente, et il évoque même un morceau qu'il apprécie particulièrement, "La Toccata en ré mineur" :
"Tout dans Bach, tout me plaît. Que ce soit la musique instrumentale, la musique orchestrale, la musique vocale... Tout !"
Cette passion pour la musique se double d’une admiration pour les arts en général, semble avoir toujours fait partie de son identité. Il a d’ailleurs étudié au conservatoire de Grenoble et participé à des pièces de théâtre à Haute-Jarrie.
5. L’histoire locale et le patrimoine : sauver le château de Bon Repos
Un autre aspect fondamental de son témoignage est son rôle dans la préservation du patrimoine local, notamment du château de Bon Repos, qu'il a contribué à sauver des ruines en créant une association dédiée à sa restauration.
Sa passion pour l'histoire locale ne se limite pas à la préservation des bâtiments. Il a aussi écrit sur l’histoire de la région, retraçant les événements marquants à travers des articles dans des revues locales, ce qui montre son désir de laisser une trace de l’histoire de son pays et de ses habitants.
6. Les évolutions de la société et du monde d’aujourd’hui
Pierre tout en étant un homme ancré dans son époque, observe le monde actuel avec un regard critique. Bien qu’il accueille certaines évolutions, comme les progrès dans les communications et les relations internationales facilitées par internet, il reste préoccupé par les guerres de notre époque.
"Qu'est-ce qu'ont fait les alliés en 1944 quand ils ont bombardé Dresde ? Ils ont démoli la ville de Dresde où il n'y avait pratiquement plus de soldats. C’est un perpétuel recommencement de l’histoire."
7. Un héritage à transmettre : la curiosité et l’ouverture d’esprit
Finalement, Pierre voit l’essentiel de son héritage dans l’ouverture d’esprit, qu’il juge indispensable pour appréhender le monde. Il insiste sur l’importance de rester curieux, d’être ouvert à l’art, aux paysages et à l’histoire, comme il énonce pour les générations futures quand je lui demande quel est son conseil :
"Je dirais savoir être ouvert. Être ouvert à tout. Être ouvert à l'art. Être ouvert aux paysages. Et savoir les interpréter."
Ce conseil reflète sa philosophie de vie : ne jamais se refermer sur soi-même et toujours chercher à comprendre ce qui nous entoure, que ce soit par la musique, l’histoire ou les relations humaines.
Pour retrouver tous les épisodes de Racontages Kaléidoscopiques, rendez-vous sur la page Youtube du podcast :
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